9 avr. 2008

RETOUR AUX SOURCES … ENVIE DE RIVIÈRES! (partie 1)


Bon , … c’est un titre un peu kitch mais ça m’a plu et puis on verra si l’image vous parle. Je m'appelle donc Thomas et je suis le fils de Jérôme et Claire de Roubaix. Si j’me décide à écrire aujourd’hui (après avoir longtemps dit que je le ferais bien un jour), c’est parce que je crois que c’est une façon intéressante de commencer à m’engager un peu plus sérieusement, de donner un peu plus de vie à mes idéaux (bien qu’écrire n’est qu’un début) et puis parce que j’ai quelque chose à vous raconter qui éventuellement pourrait un tout petit peu vous intéresser.

Il y a quelques semaines je suis retourné, avec grand bonheur et en compagnie d’une personne devenue chère à mon coeur, au Pérou, où nous avons été accueillis comme si nous étions partis de là la semaine dernière ! A travers ce voyage, nous avons eu l’occasion de visiter plusieurs projets au Pérou mais aussi en Bolivie, certains soutenus par Esperanza, d’autres qui l’ont été et quelques uns qui n’ont aucun lien avec notre association.

Comme toujours tout commence à Lima ! Lima où j’ai revu, avec émotion, deux de mes meilleurs amis, dont les familles (les Mújica et les Távara), sont actives dans divers projets dignes d’intérêt.

C’est ainsi que Irene Mújica a repris, récemment, un nouveau cycle de formation culinaire dans un quartier défavorisé, avec un groupe composé, cette fois-ci, exclusivement de jeunes, pour tenter de leur donner des perspectives d’avenir professionnel. Cette idée n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il y a plusieurs années que ces formations sont organisées avec des résultats probants et qu’Esperanza soutient l’association Ñanta.

Pepe et Grisel Távara continuent d’être actifs dans leur projet éducatif Iniciativa. Pepe vient, par ailleurs, de publier un livre, intitulé Historias Entrelazadas, retraçant son implication politique dans le district où ils vivent (et où nous avons passé quatre années). Tous deux vont pouvoir, d’ici peu, compter avec l’implication d’un de leur fils, Ignacio. Celui-ci, ami d’enfance, sociologue, a l’envie de créer un programme de formation de jeunes leaders dans son quartier. Pour ce faire, il compte disposer des locaux de l’école aux heures où ceux-ci sont inoccupés. Belle utilisation en perspective d’un espace construit, entre autres, grâce à votre aide et à l’appui d’Esperanza.

Après ces quelques jours de capitale, de ciel souvent gris, de combi (transport en commun typique : petit minibus archi-plein), d’une ville qui ne cesse de grandir (elle compte environ 8 millions de personnes), nous avons pris la route du nord. Pour ce faire, suivant les conseils de nos amis, nous avons consenti un p’tit effort financier pour éviter les compagnies « bas de gamme », devenues ces dernières années la cible régulière de vols à main armée lors de leurs arrêts en route. Deux objectifs au programme : Cajamarca et Bambamarca.

Dans la première ville citée, qui en une trentaine d’années a quintuplé sa population, nous avons été choyés par le padre Rolando et une famille amie de longue date. Impliqué dans divers projets, ce prêtre qui mène une vie paroissiale effrénée nous a fait part des difficultés rencontrées avec l’expansion de l’exploitation minière dans la région. Il faut savoir que, depuis plusieurs années, cette activité, aux mains d’entreprises nord-américaine, anglaise et canadienne a complètement transformé le panorama local. Rien ne lui résiste, la corruption est galopante, le gouvernement complaisant, les gains fabuleux, la pauvreté inchangée, la pollution avérée et la résistance périlleuse. En guise d’exemple, le padre Marco Arana qui est un des plus actifs dans la critique de l’exploitation minière a subi plusieurs tentatives d’intimidation, menaces de mort et articles calomniateurs[1].

A Bambamarca, nous nous sommes logés à l’Assistencia (grande maison dans une partie de laquelle nous avons vécu de 1984 à 1988). Outre l’aspect affectif, ce lieu est intéressant de par le projet éducatif, l’Alcides Vasquez, qu’il abrite. L’objectif est d’offrir des possibilités de scolarisation à ceux qui n’ont pas eu cette chance en temps « normal ». Comme plusieurs élèves viennent de communautés lointaines, le centre tente de leur offrir alimentation et logement en contrepartie d’une compensation financière qui se veut la moins contraignante possible. C’est ainsi que Castinaldo, ancien élève aujourd’hui un des douze professeurs[2], nous expliquait que le prix actuel (3 soles, soit 75 centimes d’euro) était encore trop élevé ce qui faisait que la fréquentation des repas restait limitée. Or, la municipalité a accepté d’appuyer un projet d’amélioration des infrastructures culinaires qui n’a de raison d’être que si une majorité des presque deux cents éléves peut payer les repas. C’est pourquoi, l'objectif est de diminuer le pris journalier d’u tiers , ce qui impliquerait de trouver d’autres ressources financières (de l’ordre de 1000 dollars par an).

Un autre projet que a attiré notre attention est celui de la hermana Sofia, qui consiste en l’accueil de plus ou moins cinq enfants et dix jeunes adultes souffrant de problèmes très divers (abandon, handicap physique et/ou mental, retards légers, etc.). Les bonnes intentions de cette sœur ne sont certainement pas à mettre en cause, loin de là… Pourtant, il y a certaines choses qui nous ont frappé. Les conditions dans lesquelles vit cette éclectique petite communauté sont pour le moins précaires, non seulement d’un point de vue matériel mais aussi en matière d’encadrement humain et professionnel. Le contraste est assez frappant entre les bonnes installations de la boulangerie (dont les bénéfices servent à maintenir la maison) et celles dont jouissent les enfants. La plupart des problèmes semblent liés à un certain isolement dans lequel travaille la hermana Sofia, en partie dû à son caractère assez têtu. Cette impression nous a été confirmée par Séverine, une logopède belge qui est pour six mois à Bambamarca et qui apporte une aide à ce projet ainsi qu’à l’Alcides Vasquez.


Enfin, je tiens à dire un mot de l’accueil que nous avons reçu de Florencio Vasquez et sa famille. Florencio, qui est un des promoteurs de santé avec lequel mes parents ont travaillé, vit dans une petite communauté à trois heures à pied de Bamba ou une bonne demi-heure en colectivo (taxi de groupe devenu monnaie courante aujourd’hui mais inexistants il y a quelques années). Nous avons passé une soirée chez lui, accueillis comme si on faisait partie de sa famille, et ainsi nous avons pu nous faire une petite idée de son implication au sein de sa communauté. D’une part, il continue à réaliser son travail de promoteur, s’occupant du botiquín local (petite pharmacie) et se rendant chaque dimanche à Bamba pour rencontrer les autres promoteurs de santé. D’autre part, il se démène pour tenter de faire aboutir un projet initié avec l’appui de l’ancien bourgmestre mais qui n’est plus soutenu par l’actuel : la construction d’une école. Sa façon de nous parler, sincère et désintéressée, nous a véritablement touché tout comme les efforts qu’il fournit pour, pas à pas, construire un meilleur avenir pour « mi Tallamac » comme il dit…

…suite au prochain numéro !-



[1] Si le thème vous intéresse voir GRUFIDES (Groupe de Formation et Intervention pour le Développement Durable) :

http://www.grufides.org/ (page officielle de l’association)

http://grufidesinfo.blogspot.com/ (page d’information de l’association)

[2] Les professeurs sont les religieuses qui soutiennent le projet et vivent sur place, quelques habitants de Bambamarca comme Castinaldo et deux stagiaires en éducation venant d’autres régions du pays.

Aucun commentaire: