25 déc. 2008

JOURNAL ESPERANZA !!!

3 journaux sont parus depuis fin septembre...:
un numéro printanier ces jours-ci, tout chaud tout frais
et il y a quelques mois un automnal ainsi qu'un hivernal !


Si vous souhaitez recevoir ces journaux aux formats pdf ou en format papier envoyez un courrier électronique avec pour objet "commande journal" à l'adresse "esperanza.tiersmonde@gmail.com"
en
spécifiant votre souhait !

A l'avenir nous publierons sur le blog l'édito de chaque journal mais pas l'entièreté du contenu (ci-dessus l'édito printanier et ci-dessous ceux de l'automne et de l'hiver).

Avant de vous quitter un p'tit cadeau:
un fond d'écran sympathique...!





Edito hivernal (déc. 2008)

Hola a todos, voici venus…


la saison des cartes de voeux et de crédit,

le temps des boules de neige et de sapins,

l'époque des feux de cheminées et d'artifices,

le moment des bûches de bois et de chocolat...


Mais c'est surtout et avant tout…

l'instant de lire le dernier journal Esperanza de l’année 2008.

Dans ce numéro hivernal nous vous avons réservé un bonne nouvelle, source, à nos yeux d’esperanza pour l’avenir. Avant cela Claire et Jérôme vous raconteront la fin de leur voyage avec la partie norteña des retrouvailles. Nous ferons un p’tit point sur la situation politique de la Bolivie et du Pérou qui vivent ces temps-ci des trajectoires assez contrastées.

Nouveauté (ça n’arrête plus..): une proposition de répertoire de bonnes adresses pour trouver des produits latinos est lancée sous le nom attrayant de "Huecos y Huariques", à vous de suivre le mouvement !

Bonne lecture et puis festoyez bien avec vos proches en cette fin d’année!

Thomas


Il y a deux sortes de temps:

y a le temps qui attend

et le temps qui espère.


Jacques Brel


Chacun de nous est l’Homme,

et en chacun de nous

sont déposées les espérances

et les possibilités de l’espèce.

Octavio Paz


Sans amour à la terre,

nous n’avons pas de place

au ciel.

Propos du peuple Aymara





Edito automnal (sept. 2008)

Bonjour à vous tous, c’est la rentrée (depuis un petit temps me direz vous..). Voici donc notre numéro automnal dont la grossesse a été longue mais l’accouchement réussi (enfin on espère que vous partagerez notre avis!).

Vous y trouverez tout d’abord quelques infos très officielles suite à notre assemblée générale (compte-rendu et comptes tout court). Nous avons, ensuite,tenu à rendre un vibrant hommage à Monseigneur Dammert décédé il y a quelques semaines et qui restera comme un figure emblématique au nord du Pérou. Claire et Jérôme partageront, juste après, leurs impressions après leur voyage dans ce même pays au mois de juillet dernier.

Dans ce numéro très péruvien (cette fois-ci), ce qui ne signifie en rien une diminution de notre engagement en Bolivie, un court article permet de resituer le contexte explosif dans lequel se trouve le pays d’Evo Morales. Retour au Pérou alors pour un écho de la situation à Ica (durement frappé par le tremblement de terre il y a près d’un an) et pour des nouvelles d’un projet qui nous tient fort à cœur à Bambamarca (Alcides Vasquez).

Un article plus général sur le sort des communautés indiennes à travers l’Amérique Latine servira de transition pour une toute nouvelle rubrique (encore une !) dénommée «JUste 1MOT!» et écrite par Julien Lefèvre depuis le fond de son Amazonie adoptive. Pour terminer vous aurez droit à la deuxième édition du Rincón de las cosas buenas…(qui ne demande d’ailleurs qu’à s’alimenter de vos
idées).

Je vous quitte en vous annonçant, pour très bientôt, le souper annuel de « C’est pas le Pérou »,et, pour dans un p’tit temps, une de nos traditionnelles activités de fin d’année. Je vous encourage enfin à continuer à nous soutenir et à nous suivre,

Ahhh…j’allais oublier la petite citation :

"
L'utopie est toujours une affaire d'aube, de lèves-tôt ou de rêveurs éveillés.." Jacques Attali

Thomas

25 sept. 2008

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28 mai 2008

EDITORIAL (trimestriel 1 - 2008)

On essaye donc de reprendre, tant bien que mal, un rythme plus en accord avec l’ambition trimestrielle de cette modeste publication. Au menu pas mal de choses super intéressantes, quelques nouveautés et de bonnes nouvelles.

Pour commencer, vous aurez droit à la fin du récit de mon séjour au Pérou et en Bolivie (en espérant que l’intervalle de quelques mois n’ait fait que décupler votre curiosité..). Bruno van de Maat partagera, ensuite, avec nous, ses impressions sur la regrettable direction prise par l’Eglise péruvienne. Vous verrez, d’ailleurs, que ce deuxième article fait parfaitement écho aux propos que j’ai, moi-même, partagé avec un religieux belge qui souffre directement des options idéologiques qui guident la hiérarchie ecclésiastique actuelle.

A continuation, quelques lignes mêleront des réflexions et des interrogations personnelles à un aperçu de la situation politique en Bolivie. Danielle Miterrand nous fera, quant à elle, part de son inquiétude face aux méthodes utilisées par l’opposition contre le gouvernement d’Evo Morales. Puis, c’est Jean Claesen qui nous donnera quelques nouvelles fraîches au sujet du projet éducatif Niedelbarmi.

Nous reviendrons au Pérou par la voix d’un intellectuel péruvien qui s’insurge face à l’hypocrisie et l’attentisme du gouvernement d’Alan Garcia qui n’a, de gauche, pratiquement que le nom. Pour terminer, Julien Lefèvre, un jeune belge qui a passé ces dernières années en Amazonie péruvienne, vous dira quelques mots sur le travail réalisé sur place pour tenter de venir en aide aux enfants de milieu défavorisé.

Au rayon nouveauté j’espère que vous apprécierez une nouvelle rubrique intitulée “El rincón de las cosas buenas” (“Le coin des bonnes choses”) dans lesquelles nous vous présenterons un choix musico-culinaire !

Nous vous espérons nombreux et nous vous souhaitons un tout tout bon printemps !

Thomas de Roubaix.

El rincón de las cosas buenas...!

RETOUR AUX SOURCES… ENVIE DE RIVIÈRES (partie 2)



Bien qu’il fût difficile de mettre fin à ce retour aux sources norteño, nous sommes repartis vers Lima pour ensuite prendre la direction du sud du pays, en commençant par Cuzco. Bien sûr, nos motivations étaient, cette fois, plus classiquement touristiques mais nous en avons, malgré tout, profité pour rencontrer des personnes bien intéressantes.

A Cuzco, nous avons été accueillis par Isabelle Beaufumé, une des fondatrices de l’association Qosqomaki[1], qui est active, auprès de la communauté locale, par le biais de deux "services": une bibliothèque et un dortoir pour enfants et adolescents de la rue. L’association comprend, par ailleurs, un atelier de menuiserie et une boulangerie. Bien que nos échanges avec Isabelle aient été assez limités, nous avons pu prendre conscience de certaines difficultés rencontrées, dernièrement, avec la municipalité de Cuzco. Suite à l’arrestation d’un adolescent qui loge dans le dortoir, pour avoir, supposément, consulté des sites pornographiques dans un cybercafé (ohhh grand crime !), des membres de l’association ont découvert les terribles conditions dans lesquelles ce jeune avait été détenu et ont donc porté plainte. Du coup, la municipalité semble avoir décidé de mettre des bâtons dans les roues de Qosqomaki en menant des contrôles administratifs étrangement plus pointilleux que pour les autres établissements.

L’autre bonne rencontre à Cuzco a été bien plus fortuite. Grâce au Guide du Routard, nous avons dégoté un petit bar-resto bien sympa que je conseille d’ailleurs à tous. Si je vous parle de cela ce n’est pas pour des raisons gastronomiques mais parce que cet endroit fait partie d’un original projet du nom de Aldea Yanapay[2]. Grâce à une conversation avec son jeune fondateur (il doit avoir maximum 30 ans et est originaire de Cuzco), nous avons pu apprécier pleinement cette belle idée qui associe un projet éducatif, un accueil de volontaires (péruviens et étrangers), un bar-restaurant et une sorte de maison d’hôte. Créé il y a à peine 3 ans, ce projet ne cesse de prendre de l’ampleur et parvient, pour l’instant, à remplir un de ces objectifs principaux, à savoir, être autosuffisant. Nous avons été séduits par le discours de ce jeune type plein d’idées et par l’esprit qui règne au sein de l’école de devoirs que nous avons visité. Ca donne qu’une envie : se bouger pour de vrai et se dire que, tout compte fait, c’est peut-être pas aussi compliqué qu’on ne le croit de créer des projets qui marchent !

Notre deuxième étape au sud nous a fait traverser la frontière pour nous rendre à la capitale bolivienne, où nous attendait un personnage haut en couleurs que vous connaissez probablement: Juan Claessens. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne mène pas un rythme de vie habituel pour une personne de son âge (plus de 80 ans). Le voir conduire dans cette ville à la circulation bien latino, avec tout ce que cela implique, est un délice ; le voir répondre à un policier qui tente de lui extorquer de l’argent pour une supposée (voire réelle) infraction que:"la bénédiction divine vaut largement plus qu’une amende", avant de redémarrer, sans attendre réaction de son interlocuteur (resté bouche béé, sourire aux lèvres…) est un régal.

Mais, il y a plus, il y a le projet qui fait que Juan, en réalité, n’est "pas prêtre nom de dieu mais éducateur", le projet Nidelbarmi[3]. Celui-ci nous a bien plu par l’originalité et la créativité des jeux créés et fabriqués mais, il nous a, aussi, un peu inquiété par sa dépendance envers un homme, assez exceptionnel certes, mais homme tout de même et avec un âge avancé qui plus est.

De retour au Pérou, nous avons fait une dernière halte à Chucuito, en compagnie de Simon-Pierre Arnold. Dans un style bien différent, ce religieux belge est, depuis longtemps, impliqué dans une labeur pastorale et théologique en accord avec les principes de la théologie de la libération (en deux mots : une église pour et avec les plus démunis). Ce que je retiens de plus frappant de notre discussion est le contraste entre son optimisme quant à l’avenir socio-économique péruvien et son pessimisme, sa déception face à la direction prise par l’église catholique au Pérou. C’est, avec amertume, qu’il nous expliquait que l’Opus Dei et le Sodalicio de la Vida Cristiana (une sorte de version péruvienne de l’Opus) étaient de plus en plus influents dans le pays. A titre d’exemple, toutes les nominations récentes d’évêques l’ont été en faveur de membres de ces deux organisations. Les effets s’en font durement sentir. Le long travail de rapprochement, ou plutôt de mise à jour, de valorisation des croyances, des rituels andins qui, depuis toujours, coexistent avec la religion catholique a ainsi été balayé, en quelques mois, par cette hiérarchie ultraconservatrice pour qui cela est, tout simplement, inconcevable. A ce propos, j’en profite pour conseiller aux hispano lecteurs l’ouvrage, récemment publié par le fils des premiers amis cités dans cet article, Jaris Mújica, qui analyse, entre autres, la structure et le discours des deux organismes catholiques conservateurs évoqués ci-dessus[4].

J’en ai fini avec ce récit qui, je l’espère, vous a, quelque peu, intéressé. En tout cas, pour moi, ce voyage a été plus qu’un simple retour aux sources, cela a été une confirmation d’un vieux rêve : celui de suivre, en partie, les traces de mes parents (et oui… il faut l’admettre sans gêne…), celui de vivre une partie de ma vie en Amérique Latine, celui de soutenir ce type de projets et vous motiver à continuer à le faire ! Je suis, en effet, plus convaincu que jamais, qu’il existe des initiatives, bien qu’humbles et de petite envergure, qui font une réelle différence et valent le coup d’être soutenues !



[2] Voir http://www.aldeayanapay.org/ (la page existe en espagnol et en français).

[3] Voir un article en français présentant Nidelbarmi sur http://familleautourdumonde.free.fr/amsu2002/pages/nidel.html + extraits d’une lettre de Jean Claessens ci-dessous…

[4] J. MUJICA, Economia Política del Cuerpo (La reestructuración de los grupos conservadores y el biopoder), Lima - 2007.

Tensions au sein de l’Eglise péruvienne.

DIAL[1] a demandé à Bruno Van der Maat, théologien laïc vivant à Arequipa, au Pérou, depuis 25 ans, de revenir sur les tensions auxquelles sont en proie les diocèses Sud-andins du pays. […]

epuis un certain temps, la situation de l’Église dans la partie sud-andine du Pérou se trouve bousculée par des événements qui choquent une bonne partie des fidèles et de ceux qui s’intéressent à cette région. La récente discussion entre le prélat-évêque de Juli et les prêtres de la Société de Maryknoll, originaire des États-Unis, a fait des remous. Les prêtres de la Société de Maryknoll se sont établis dans cette prélature située à près de 4 000 mètres d’altitude, en pleine population de culture aymara, en 1943. Depuis lors, ils ont œuvré dans la pastorale menant une évangélisation qui s’est orientée vers le respect de la culture locale et le développement d’une des régions les plus pauvres du Pérou.

Le 1er juillet 2006, le nouvel évêque, José María Ortega, prit possession du siège de la prélature de Juli, en succession de Mgr Elio Pérez, évêque salésien, gravement malade (celui-ci décéda en décembre de la même année). L’arrivée du nouvel évêque, appartenant à l’Opus Dei, marque une rupture avec la tradition épiscopale locale. […] Les prélats antérieurs (diocésains, carmélites, dominicains, salésiens, maryknoll et autres) avaient tous soutenu une perspective d’évangélisation en dialogue avec les cultures locales (quechua et aymara), une politique de défense des droits humains (rappelons que le Sud andin a été fortement touché par le terrorisme de Sentier Lumineux et la répression d’État) et un effort de développement dans la lignée de la doctrine sociale de l’Église, prenant très au sérieux l’option préférentielle pour les pauvres.

Depuis quelques années, ils ont été remplacés par des évêques d’une toute autre vision théologique et appartenant à des mouvements ecclésiaux de tendance néo-classique, comme les aurait qualifiés P.Henri Bourgeois : Opus Dei, Sodalitium Christianae Vitae, Chemin du néo-catéchuménat. Il est normal qu’un tel changement fasse des remous. […] Le groupe le plus nombreux parmi les évêques du Sud du Pérou est, sans aucun doute, l’Opus Dei. Il gère, actuellement, la plupart des diocèses depuis Lima jusqu’à la frontière chilienne […] Si on y ajoute un évêque dans le nord du pays, cela fait au total 11 évêques actifs sur 50 qui forment la Conférence épiscopale du Pérou. C’est un poids que beaucoup critiquent. Aucune congrégation n’a jamais eu une représentation aussi écrasante dans la Conférence épiscopale. En outre, l’Opus Dei n’est vraiment pas un mouvement de masse, ce qui justifie, encore moins, leur poids au niveau épiscopal. Un autre mouvement récompensé pour ses "services" par un (archi)diocèse est le mouvement d’origine péruvienne (mais présent dans bon nombre de pays latino-américains et bien implanté à Rome) Sodalitium Christianae Vitae qui a deux évêques […]

Ces mouvements paraissent avoir, tous, la même politique quand ils obtiennent la charge d’un diocèse. Selon les dires des nouveaux évêques […], ils viennent pour "enfin" instaurer l’Église et sauver les âmes perdues. Ils constituent le début de la présence ecclésiale, car, avant eux, rien (de bien) n’a été fait.

Normalement, ils arrivent avec un groupe de soutien important (universités et professionnels de leur mouvement, ressources financières, moyens de communication, etc.). Le clergé local passe en second lieu, après les membres du mouvement. La population locale est considérée majoritairement comme inculte et non-évangélisée, au point qu’on lui refuse la communion. La culture locale est dédaignée comme païenne et infestée de superstitions. Il n’y a pratiquement pas d’espaces de dialogue, car les nouveaux venus sont propriétaires de "LA" vérité. La communion ecclésiale est entendue comme l’obéissance stricte à l’évêque. Il n’y a pas d’intérêt pour la promotion de projets en commun, par exemple avec les diocèses voisins.


Depuis l’arrivée de ces nouveaux évêques, l’Institut de pastorale andine, qui avait été formé par tous les évêques de la région pour étudier les cultures locales et adapter l’action de l’Église à ces cultures, ainsi que pour coordonner des actions pastorales au-delà des frontières de chaque prélature, a pratiquement été démantelé. La parution des revues Pastoral andina et Allpanchis, qui avaient acquis un grand prestige national et international, de par la qualité de leurs études pastorales, anthropologiques et sociologiques, a été suspendue, et elles seront remplacées par des revues de contenu strictement "catéchétique et liturgique". […]

Après près de cinq siècles, l’Église péruvienne continue à être une Église dépendante de l’étranger. Sur les 50 évêques, 31 sont nés à l’étranger, 41 sont religieux ou appartiennent à des mouvements – l’Opus Dei est en tête de liste, avec 11 évêques, suivi par 7 Franciscains et 6 Augustins. Sur les 50 évêques actifs, 19 évêques sont donc nés au Pérou, et 3 seulement sont diocésains !


De même, la plupart des prêtres au Pérou sont nés à l’étranger. Cela en dit beaucoup sur la structure de l’Église péruvienne. Les divers nonces apostoliques ne se sont pas vraiment efforcés de changer cette structure ; au contraire, ils l’ont rendue plus solide. La nomination récente d’évêques appartenant à des mouvements a compliqué la situation. Les diocèses deviennent des fiefs de certains mouvements, perdant le souci de la communion de l’Église. Chacun veut installer son propre séminaire et sa propre Université catholique, si possible. Quand un prêtre diocésain a demandé à un de ces nouveaux évêques s’il était évêque du diocèse ou de son mouvement, celui-ci a répondu que "le nonce avait pleine confiance dans les nouveaux mouvements". […]


[1] Diffusion de l’Information sur l’Amérique Latine. Voir : http://www.alterinfos.org/