10 avr. 2008

EDITORIAL (Trimestriel 3-4 /2007)




Il était un peu temps direz-vous, et oui, vous avez raison… nous avons été lents mais voici, enfin, le deuxième numéro de cette année 2007. Sachez que ce ralentissement des publications n’est que temporaire et n’est en rien le reflet d’un dynamisme moindre, mais résulte uniquement d’agendas surchargés ces derniers mois. Avant toute chose, l’équipe d’Esperanza tient à remercier très chaleureusement toutes les personnes qui ont répondu à notre appel urgent pour venir en aide aux victimes du terrible tremblement de terre au Pérou. Cela nous fait chaud au cœur de voir que vous avez été aussi nombreux à faire preuve de générosité et à sentir que ce qui arrive à des gens de l’autre côté de l’Atlantique ne peut nous laisser indifférents.


Nous voudrions rappeler les objectifs que poursuit Esperanza Tiers-monde pour ceux qui nous connaissent et soutiennent depuis peu. Créée en 1963, composée uniquement de bénévoles, Esperanza soutient des petits projets qui impliquent la population locale et valorisent les ressources humaines : formation, éducation, santé, artisanat et agriculture, principalement en Bolivie et au Pérou. L’optique est donc celle d’un développement durable et le but est à la fois de donner un coup de pouce au Sud et de faire changer les mentalités au Nord.


Dans cette édition, nous ferons d’abord le point sur la dernière actualité au Pérou. Nous vous décrirons ensuite quelle utilisation a été faite des généreux dons que nous avons reçu de vous, après la catastrophe naturelle qui a frappé la côte péruvienne. Les récits de quelques jeunes de Lima, qui se sont rendus dans la zone sinistrée, vous permettront de vous faire une idée des difficultés auxquelles est confrontée la population locale. Vous aurez aussi droit à un récit de ce que personnellement j’ai vu et ressenti, lors de mon récent voyage là-bas, ainsi qu’à un écho de trois des projets soutenus en Bolivie. Pour terminer, nous avons choisi de relayer l’appel à la mobilisation d’organisations paysannes du nord du Pérou contre les abus de l’exploitation minière.


Bonne lecture, encore merci pour votre soutien, et de tout cœur à tous une très heureuse et chaleureuse année 2008. J’vous quitte avec une petite citation d’un illustre homonyme…

Thomas de ROUBAIX.


"On ne renonce pas à sauver le navire dans la tempête parce qu'on ne saurait empêcher le vent de souffler. " Thomas More

SITUATION AU PÉROU

« Le malaise général augmente dans tout le pays »[1]

L

e Pérou fait partie, à échelle réduite, des pays comme l’Inde, où il fait bon boursicoter car la croissance annuelle dépasse les 7% grâce à l’envol des prix des minerais et, probablement aussi, grâce au blanchiment des fonds faramineux de la drogue. Pourtant rien, ou presque, de toute cette manne ne tombe –« gotea », comme on dit ici – dans le panier de la ménagère. Une caricature pourrait montrer l’image classique du mendiant péruvien assis sur un coffre rempli d’or…mais fermé avec un gros cadenas. Et, à côté, un Alan Garcia qui en remet la clef aux entreprises étrangères !

La chute de Garcia.

Le Président Alan Garcia a chuté dans les enquêtes de Lima, place forte du fujimorisme et de la droite (ceux-là même qui lui avaient permis de gagner de justesse les élections en 2006) : 35% l’approuvent et 55% le désapprouvent. Il en est devenu muet. On n’entend plus sa voix triomphante et vitupérante à la fois. C’est que le mécontentement augmente sans cesse et les motifs ne manquent pas :

- L’inflation ronge le gouvernement. Les prix de base grimpent, le cauchemar de son gouvernement antérieur resurgit.

- Il applique une politique qui ne crée que peu d’emplois et surtout dans le secteur des petits boulots mal payés et surexploités.

- Il criminalise les luttes syndicales au lieu de promouvoir la justice sociale.

- Son gouvernement n’applique pas les réformes fiscales qui permettraient la redistribution des richesses, laissant libres d’impôts, ou presque, les transnationales qui écument nos richesses naturelles, surtout dans le secteur minier.

- Il se noie dans la mare de la corruption interne et son «délégué anticorruption» est totalement inefficace.

- Son gouvernement est incapable, jusqu’ici, d’organiser la reconstruction des zones affectées par le tremblement de terre.

Mines et pétrole : les rois!

Garcia veut remettre 200'000 hectares de réserves naturelles aux pétroliers (dont une partie de notre parc national Tambopata-Candamo pour lequel nous nous sommes tant battus contre la Mobil), et donner toute priorité à l’exploitation minière de grande envergure. Tout cela contre les communautés indigènes et paysannes et en fustigeant les écologistes et les «curés idéalistes et ennemis du développement»! En plus, Alan Garcia ne remplit pas ses promesses d’exiger l’impôt sur les bénéfices miniers et pétroliers pour le redistribuer aux régions en faveur de la santé et l’éducation publiques.

Résultat: Il ne se passe pas une semaine sans une grève dans un secteur ou l’autre. Il y en a eu douze, nationales ou régionales, entre avril et juillet seulement. Il y a de l’orage dans le social et la foudre va continuer de tomber. Jusqu’à quand les parapluies d’Alan Garcia seront-ils imperméables ?

Xavier ARBEX, prêtre suisse Puerto Maldonado


[1] Extrait de : IMAMBARI - PEROU, Bulletin d’information des amis du Sud Pérou, n°35, nov.-déc. 2007.

DONATIONS TREMBLEMENT DE TERRE PÉROU!


Comme nous vous le disions dans l’éditorial, nous avons été très heureux de voir à quel point vous avez été sensibles à notre appel il y a quelques mois, après le terrible séisme qui s’est produit au sud de Lima. Nous avons ainsi récolté un peu plus de 10 000 €. Fidèles à notre volonté de soutenir des initiatives concrètes et de modeste envergure, nous avons décidé de répartir cet argent entre trois projets différents dans les deux villes les plus touchées :

. Groupe de jeunes de Tablada (quartier du sud de Lima): ce groupe, bien connu de Christine Dubois fait fonctionner un petit atelier de menuiserie (que l’aide d’Esperanza a pu financer il y a quelques temps déjà). Ces jeunes de bidonville, eux-mêmes extrêmement pauvres, souhaitent venir en aide à la population sinistrée en participant à la reconstruction d’une école et en fabriquant le mobilier nécessaire. Nous finançons finançons l’achat du matériel nécessaire à la confection des bancs et les frais de transport.

.
Paroisse de Campiña (Chincha): sur les conseils de Pedro de Guchteneere (prêtre belge qui vit au Pérou depuis plus de quarante ans) nous aiderons, par l’intermédiaire du padre Santiago Calle, cette zone pauvre, où pratiquement tout a été détruit. Il existe, notamment, un programme de 280 ollas comunes (casseroles communautaires) qui a besoin d’aide.

.
Coordination à Ica (padre José Manuel Miranda): il s’agit d’une coordination dont Pedro, encore lui, nous dit le plus grand bien. Celle-ci rassemble une fédération de femmes de quartiers populaires, un comité populaire de santé et un comité de droits de l’homme.


TEMOIGNAGES DES JEUNES DE TABLADA :


Bon, premièrement, je n’avais jamais pensé que je ferais cela : arriver à ces endroits si affectés par le tremblement de terre. En réalité je me sentais très nerveux et j’avais un peu […]

Je suis resté impressionné de voir presque toutes les petites villes de la région [Pisco, Ica, etc., …], remplies de décombres, c’était très regrettable et triste de voir beaucoup de familles qui ont tout perdu. On a pris un taxi qui nous a conduit à la ville de San Andrés, on pouvait voir un panorama de réfugiés, replacés dans un stade et aux alentours, tous dans des tentes…

La première chose que nous avons faite, c’est partager ce que nous avions : vivres, avocats, etc., en distribuant famille par famille. Nombre d’entre eux étaient très reconnaissants, on pouvait le voir sur leur visage. Je me rappelle que plusieurs personnes nous disaient : Ne nous oubliez pas!

Je me sens tellement content d’aider mon prochain. Je sens qu’en faisant cela, ensemble, nous réussirons, d’une certaine façon, à renforcer le groupe encore plus dans ses convictions, avec la volonté de faire quelque chose de chouette.

Merci beaucoup à Christine Dubois et aux amis d’Esperanza-Belgique.

Jorge Santy

[…] le panorama est désolant : de nombreuses familles dans les rues attendant l’aide supposée qui, apparemment, n’arrive jamais ; les maisons sont en ruines ; on aperçoit les tentes quand le bus se dirige vers le pont ; des enfants s’approchent, suivent le bus, pour que les gens leur donnent quelque chose à manger…Ce fut très dur ! […] un vent très fort soufflait, on ne voyait pas très bien et soudain un craquement, je me retourne et un arbre était en train de tomber très près de nous, emportant presque deux poteaux. Nous nous éloignons un peu parce qu’au moment de sa chute l’arbre a fait bouger les câbles des poteaux voisins. Plus de peur que de mal !

[…] nous arrivons à Sans Andrés, nous descendons près d’un stade où les gens campaient, en dehors du stade ils avaient construit leur maison avec des cartons, des plastiques, des nattes ... comme ils pouvaient. Les dames lavaient leurs vêtements avec le peu d’eau qu’elles trouvaient. Les jeunes ont commencé à distribuer les avocats que l’on avait amené, les gens s’approchaient peu à peu, ils ont discuté un peu avec eux, les jeunes ont laissé quelques vivres, ils ont pris quelques photos avec les enfants recevant les cadeaux que Javier avait apporté, Raul laissait les quelques vêtements qu’il avait apporté…Nous avons connu un peu la réalité de cette zone.

[…] une fois dans le bus, [nous nous sentions] un peu fatigués par ce remue-ménage mais contents du petit travail que nous avions fait. Je ne sais pas si plus tard nous pourrons revenir directement dans la zone la plus affectée, on en parlera avec le groupe…

Erick Rosas

9 avr. 2008

RETOUR AUX SOURCES … ENVIE DE RIVIÈRES! (partie 1)


Bon , … c’est un titre un peu kitch mais ça m’a plu et puis on verra si l’image vous parle. Je m'appelle donc Thomas et je suis le fils de Jérôme et Claire de Roubaix. Si j’me décide à écrire aujourd’hui (après avoir longtemps dit que je le ferais bien un jour), c’est parce que je crois que c’est une façon intéressante de commencer à m’engager un peu plus sérieusement, de donner un peu plus de vie à mes idéaux (bien qu’écrire n’est qu’un début) et puis parce que j’ai quelque chose à vous raconter qui éventuellement pourrait un tout petit peu vous intéresser.

Il y a quelques semaines je suis retourné, avec grand bonheur et en compagnie d’une personne devenue chère à mon coeur, au Pérou, où nous avons été accueillis comme si nous étions partis de là la semaine dernière ! A travers ce voyage, nous avons eu l’occasion de visiter plusieurs projets au Pérou mais aussi en Bolivie, certains soutenus par Esperanza, d’autres qui l’ont été et quelques uns qui n’ont aucun lien avec notre association.

Comme toujours tout commence à Lima ! Lima où j’ai revu, avec émotion, deux de mes meilleurs amis, dont les familles (les Mújica et les Távara), sont actives dans divers projets dignes d’intérêt.

C’est ainsi que Irene Mújica a repris, récemment, un nouveau cycle de formation culinaire dans un quartier défavorisé, avec un groupe composé, cette fois-ci, exclusivement de jeunes, pour tenter de leur donner des perspectives d’avenir professionnel. Cette idée n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il y a plusieurs années que ces formations sont organisées avec des résultats probants et qu’Esperanza soutient l’association Ñanta.

Pepe et Grisel Távara continuent d’être actifs dans leur projet éducatif Iniciativa. Pepe vient, par ailleurs, de publier un livre, intitulé Historias Entrelazadas, retraçant son implication politique dans le district où ils vivent (et où nous avons passé quatre années). Tous deux vont pouvoir, d’ici peu, compter avec l’implication d’un de leur fils, Ignacio. Celui-ci, ami d’enfance, sociologue, a l’envie de créer un programme de formation de jeunes leaders dans son quartier. Pour ce faire, il compte disposer des locaux de l’école aux heures où ceux-ci sont inoccupés. Belle utilisation en perspective d’un espace construit, entre autres, grâce à votre aide et à l’appui d’Esperanza.

Après ces quelques jours de capitale, de ciel souvent gris, de combi (transport en commun typique : petit minibus archi-plein), d’une ville qui ne cesse de grandir (elle compte environ 8 millions de personnes), nous avons pris la route du nord. Pour ce faire, suivant les conseils de nos amis, nous avons consenti un p’tit effort financier pour éviter les compagnies « bas de gamme », devenues ces dernières années la cible régulière de vols à main armée lors de leurs arrêts en route. Deux objectifs au programme : Cajamarca et Bambamarca.

Dans la première ville citée, qui en une trentaine d’années a quintuplé sa population, nous avons été choyés par le padre Rolando et une famille amie de longue date. Impliqué dans divers projets, ce prêtre qui mène une vie paroissiale effrénée nous a fait part des difficultés rencontrées avec l’expansion de l’exploitation minière dans la région. Il faut savoir que, depuis plusieurs années, cette activité, aux mains d’entreprises nord-américaine, anglaise et canadienne a complètement transformé le panorama local. Rien ne lui résiste, la corruption est galopante, le gouvernement complaisant, les gains fabuleux, la pauvreté inchangée, la pollution avérée et la résistance périlleuse. En guise d’exemple, le padre Marco Arana qui est un des plus actifs dans la critique de l’exploitation minière a subi plusieurs tentatives d’intimidation, menaces de mort et articles calomniateurs[1].

A Bambamarca, nous nous sommes logés à l’Assistencia (grande maison dans une partie de laquelle nous avons vécu de 1984 à 1988). Outre l’aspect affectif, ce lieu est intéressant de par le projet éducatif, l’Alcides Vasquez, qu’il abrite. L’objectif est d’offrir des possibilités de scolarisation à ceux qui n’ont pas eu cette chance en temps « normal ». Comme plusieurs élèves viennent de communautés lointaines, le centre tente de leur offrir alimentation et logement en contrepartie d’une compensation financière qui se veut la moins contraignante possible. C’est ainsi que Castinaldo, ancien élève aujourd’hui un des douze professeurs[2], nous expliquait que le prix actuel (3 soles, soit 75 centimes d’euro) était encore trop élevé ce qui faisait que la fréquentation des repas restait limitée. Or, la municipalité a accepté d’appuyer un projet d’amélioration des infrastructures culinaires qui n’a de raison d’être que si une majorité des presque deux cents éléves peut payer les repas. C’est pourquoi, l'objectif est de diminuer le pris journalier d’u tiers , ce qui impliquerait de trouver d’autres ressources financières (de l’ordre de 1000 dollars par an).

Un autre projet que a attiré notre attention est celui de la hermana Sofia, qui consiste en l’accueil de plus ou moins cinq enfants et dix jeunes adultes souffrant de problèmes très divers (abandon, handicap physique et/ou mental, retards légers, etc.). Les bonnes intentions de cette sœur ne sont certainement pas à mettre en cause, loin de là… Pourtant, il y a certaines choses qui nous ont frappé. Les conditions dans lesquelles vit cette éclectique petite communauté sont pour le moins précaires, non seulement d’un point de vue matériel mais aussi en matière d’encadrement humain et professionnel. Le contraste est assez frappant entre les bonnes installations de la boulangerie (dont les bénéfices servent à maintenir la maison) et celles dont jouissent les enfants. La plupart des problèmes semblent liés à un certain isolement dans lequel travaille la hermana Sofia, en partie dû à son caractère assez têtu. Cette impression nous a été confirmée par Séverine, une logopède belge qui est pour six mois à Bambamarca et qui apporte une aide à ce projet ainsi qu’à l’Alcides Vasquez.


Enfin, je tiens à dire un mot de l’accueil que nous avons reçu de Florencio Vasquez et sa famille. Florencio, qui est un des promoteurs de santé avec lequel mes parents ont travaillé, vit dans une petite communauté à trois heures à pied de Bamba ou une bonne demi-heure en colectivo (taxi de groupe devenu monnaie courante aujourd’hui mais inexistants il y a quelques années). Nous avons passé une soirée chez lui, accueillis comme si on faisait partie de sa famille, et ainsi nous avons pu nous faire une petite idée de son implication au sein de sa communauté. D’une part, il continue à réaliser son travail de promoteur, s’occupant du botiquín local (petite pharmacie) et se rendant chaque dimanche à Bamba pour rencontrer les autres promoteurs de santé. D’autre part, il se démène pour tenter de faire aboutir un projet initié avec l’appui de l’ancien bourgmestre mais qui n’est plus soutenu par l’actuel : la construction d’une école. Sa façon de nous parler, sincère et désintéressée, nous a véritablement touché tout comme les efforts qu’il fournit pour, pas à pas, construire un meilleur avenir pour « mi Tallamac » comme il dit…

…suite au prochain numéro !-



[1] Si le thème vous intéresse voir GRUFIDES (Groupe de Formation et Intervention pour le Développement Durable) :

http://www.grufides.org/ (page officielle de l’association)

http://grufidesinfo.blogspot.com/ (page d’information de l’association)

[2] Les professeurs sont les religieuses qui soutiennent le projet et vivent sur place, quelques habitants de Bambamarca comme Castinaldo et deux stagiaires en éducation venant d’autres régions du pays.

LETTRE d’une coopérante allemande à propos de l’internat à UYUNI



(Esperanza soutient ce projet dans une région très difficile de l’ouest bolivien depuis plusieurs années).


Comme vous le savez peut-être déjà, j’ai eu l’opportunité de visiter la paroisse d’Uyuni cet été et, non seulement des amis, mais aussi les projets que nous avons initiés et appuyés durant tant d’années. […]

Comme Esperanza aide l’internat, avec les salaires, cela vous intéressera sûrement. Nous avons la chance, depuis le début de l’année, d’avoir un couple de professeurs qui accompagnent les enfants et les jeunes […] Au sein de l’internat il y avait, durant ma visite, seulement 27 jeunes (garçons et filles) entre la première et la cinquième secondaire. […] Ces jeunes sont éduqués afin qu’ils contribuent aussi au fonctionnement de l’internat – tout comme ils le feraient au sein d’une famille : c'est-à-dire qu’ils rangent leur chambre, aident au nettoyage de la maison, lavent leurs vêtements, s’aident mutuellement - les grands aidant les plus petits. Ce sont les tâches de tous. Par ailleurs, il y a des tâches qui tournent entre les différents groupes : aider à préparer les légumes en cuisine, faire la vaisselle, donner un coup de main aux plantations de la serre.

Pendant que j’étais là, nous avons arrangé certaines choses dans cette serre et mis sur pied, avec l’aide d’un agronome, Don Genaro, une pépinière de plantes pour que les jeunes puissent avoir une production plus importante de leurs propres légumes. Le coût de la vie en Bolivie, et spécialement à Uyuni, a fortement augmenté. Avec la mine de San Cristobal, les prix, des vivres surtout, ont augmenté. Ainsi, la production de certains légumes comme les tomates, les bettes, les salades peut aider à diminuer les dépenses de l’internat, qui peut à peine se maintenir avec les contributions que payent les internes. J’ai proposé qu’ils sèment également la serre de la maison paroissiale qui, pour le moment, n’est pas utilisée. De cette façon ils pourraient produire plus de légumes et les prêtres pourraient en tirer profit pour leur alimentation. Nous avons aussi arrangé le four de la cuisine – ils vont désormais pouvoir faire du pain pour améliorer leur alimentation. Le prix du pain illustre bien l’augmentation du coût de la vie mentionnée : il y a deux ans 5 pains coûtaient 1 boliviano, cet été 3 pains coûtaient 1 boliviano.

Nous voulons, avec l’internat, éduquer les enfants et adolescents pour qu’ils deviennent un jour des citoyens critiques et responsables. Malgré les efforts des jeunes pour diminuer les dépenses, malgré les contributions des parents, ceci ne serait pas suffisant sans l’apport d’Esperanza. C’est pour cela que je tiens, aujourd’hui, à vous remercier chaleureusement, vous, tous les membres et, plus particulièrement, notre ami Julien qui a toujours été et est encore un bon avocat des intérêts des gens d’Uyuni – et des jeunes de l’internat.

Merci beaucoup et que Dieu paye et récompense tout votre dévouement!

Barbara Sommer.

LETTRE à Esperanza de la part d’ André Verheylewegen


(prêtre et médecin dans la région de Sucre, soutenu par Esperanza depuis de nombreuses années).

A partir d’octobre 2007, après les fêtes patronales annuelles dans toute la paroisse, nous reprenons le travail de conscientisation avec les délégués de communauté comme les catéchistes, les promoteurs agricoles et de santé, les responsables des panneaux solaires, avec une série de cursillos (petites formations adaptées).

La seconde quinzaine d’octobre est une bonne date pour commencer tout ce travail. Nous allons aussi dans les communautés avant les pluies, pour commencer un autre genre de travail que nous voulions faire depuis longtemps déjà, mais que nous ne pouvions pas faute de moyens.

Nous allons projeter des films que nous allons faire dans les communautés, ce qui est une innovation pour eux. Pour cela nous devons nous équiper en matériel de montage. Il y a plusieurs choses qui sont nécessaires : d’abord un ordinateur portable qui puisse permettre de capter les images nécessaires au film, de faire le montage et d’enregistrer ce film. Ce que nous demandons à ESPERANZA, c’est donc de couvrir une part du coût de cet ordinateur et du matériel nécessaire pour projeter les films dans les communautés (projecteur, lecteur DVD, convertisseur pour utilisation des batteries, elles-mêmes chargées grâce à un panneau solaire dont les communautés sont déjà équipées, et coffre pour transporter tout ce matériel ). Je chercherai aussi des fonds autre part, car je sais qu’Esperanza est un groupe de bénévoles qui se démène pour trouver des fonds tant bien que mal, qui fait confiance aux bénéficiaires et qui est fidèle dans son action, mais qui a plusieurs projets à aider et a donc ses limites.

Déjà un tout grand merci d’avance à ESPERANZA, pour qui je ferai parvenir avec toute ma reconnaissance des copies d’un film que j’ai pu réaliser et qui se trouve sur DVD et qui montre quelques réalisations.
Toutes mes amitiés à l’association.

André Verheylewegen

LETTRE de Francisco Hulsen sur le projet CONSAQ à El Alto (La Paz)

(CONSAQ = Conseil National de Communautés Aymaras et Quechuas. Nous avons décidé de soutenir ce « nouveau » projet soutenu par un religieux belge que nous connaissons et apprécions et qui répond bien aux critères d’Esperanza).

CE QUE JE CONNAIS DE CONSAQ

C’est une organisation des peuples indigènes originaires qui a comme fin de défendre et renforcer leurs propres structures : organique, politique, sociale et économique. Ce qui implique la résistance aux injustices qui constituent une violence structurelle permanente à leur égard. […] Cette organisation est surtout importante dans le département de La Paz. Peu à peu, elle se fait des ramifications dans les autres départements du pays.[…]

CE QUE JE SAIS DES GENS QUI Y SONT ACTIFS

[…] Je les perçois conscients d’avoir comme une mission en tant que peuples indigènes-originaires au sein de la Bolivie. Et nous arrivons à nous exprimer sur ce sujet à partir de notre propre identité.[…] Les dirigeants de cette organisation ne sont pas sectaires. Je pense que cela explique, en partie, que cette organisation se soit formée en se séparant d’une autre plus radicale il y a huit ans de cela. Ils sont ouverts aux autres secteurs de la société bolivienne, pour autant qu’il existe une convergence pour plus de justice et d’équité.[…]

COMMENT SERONT ORGANISEÉS LES FORMATIONS ?

Le Consaq veut former un Institut, modeste sans doute, pour diffuser ce qui fait leur propre identité : la langue quechua et aussi aymara, mais aussi leur culture indigène-originaire. […] Le système éducatif formel est de manière générale très déficient, et à fortiori quant à l’incorporation des cultures indigènes-originaires toujours vivantes dans le pays. […]

Cet Institut voudrait suppléer à des cours de langue quechua et aymara, qui se donnent par ci par là avec beaucoup d’improvisation par des ‘professeurs’ peu motivés, qui ne transmettent habituellement rien ou presque du contexte culturel de ces langues indigènes. Des démarches sont en cours pour obtenir une convention avec le Ministère de l’Enseignement dans le but d’avoir une reconnaissance légale et pour la délivrance d’un diplôme. Dans la 1ère phase du projet, il s’agit de construire comme une offre d’études. Pour cela, réunir et élaborer un ‘paquet technologique’ (matériels et méthodologie) avec des personnes formées en linguistique.

COMMENT SERONT CHOISIS LES BÉNÉFICIAIRES ?

Le ‘paquet technologique’ étant confectionné, se mettra en route une stratégie de promotion et de diffusion. Auprès d’entités et d’administrations publiques ou privées et auprès de particuliers professionnels ou techniciens. […] Les bénéficiaires, naturellement, participeront aux frais d’études. Et des ‘techniciens’ du Consaq suivront la gestion et le fonctionnement de l’Institut.

POURQUOI L’ÉTAT NE FINANCE PAS CE PROJET ?

S’il est vrai que la ligne de l’actuel gouvernement va dans le sens où tous les employés de l’état, tous les fonctionnaires soient bilingues, possédant en plus de l’espagnol une langue indigène, il faut bien admettre qu’il ne peut apporter une réponse à tous les besoins. Jusqu’à présent, de manière générale, les gouvernements précédents ont gouverné en tournant le dos à la majorité de la population, pauvre et constituée surtout de peuples indigènes-originaires. D’autre part, le Ministère de l’Enseignement n’appuie et ne finance que ce qui fait partie des programmes officiels, de l’enseignement formel. Le Consaq veut lancer ce projet avec l’espoir de démontrer qu’il est valable, réalisable et surtout utile. Dans l’espoir, mais cela ne viendra pas vite, qu’ensuite il pourrait y avoir un financement de l’état.


«PREMIÈRE JOURNÉE DE LUTTE» EN DÉFENSE DE LA VIE, DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA JUSTICE DES RONDES.

(Si nous avons choisi de relayer cet appel à la mobilisation de la part des rondas, c'est-à-dire les rondes paysannes du nord du Pérou, c’est pour apporter un soutien, plutôt symbolique, à une forme intéressante de résistance contre les abus de l’exploitation minière. C’est aujourd’hui un des plus grands problèmes environnementaux au Pérou et nous espérons que les paysans parviendront à s’unir pour défendre leurs intérêts à long terme.)

L

es Rondas Campesinas du district de Pulán et du Comité zonal «José Carlos Mariátegui » de Ninabamba, province de Santa Cruz, nous nous adressons à nos frères ronderos et sœurs ronderas des provinces de Chota, Hualgayoc et San Miguel pour leur communiquer ce qui suit :

PREMIEREMENT.Que nous sommes victimes des abus de l’entreprise minière Buenaventura.[…] Nous sommes, en plus, victimes des abus des autorités telles que le Pouvoir judiciaire et la Police nationale qui protègent des délinquants qui ont fait beaucoup de tort à la société et veulent emprisonner plusieurs ronderos pour des délits qu’ils n’ont pas commis.

DEUXIEMEMENT. Face à tant d’abus et étant donné que l’Etat se doit de protéger la population des menaces contre sa sécurité, nous avons décidé de réaliser « La Première Journée de Lutte » en défense de la vie, de l’environnement et de la justice des rondes. Cette tâche s’accomplira avec la grande marche depuis Santa Cruz – Chancay Baños – Lajas – Chota – Bambamarca – Catilluc – Tongod et Chugur.

TROISIEMEMENT. La journée de lutte commencera avec la rencontre des ronderos à la Place d’Armes de Santa Cruz le vendredi 14 décembre et se prolongera avec une rencontre le 15 décembre à Lanjas, une autre le 16 à Chota, le 17 à Bambamarca, le 18 à Hualgayoc , le 19 à Catilluc, la 20 à Tongod et se terminera avec la rencontre des ronderos à Chugur les 21 et 22 décembre.

QUATRIEMEMENT. Nous sollicitons la solidarité de nos frères ronderos et sœurs ronderas, autorités et population en général avec notre légitime lutte et notre cause. « Aujourd’hui pour nous, demain pour vous ». Nous demandons que vous désigniez vos délégations pour qu’elles nous accompagnent dans la marche et les rencontres, que vous nous aidiez avec l’alimentation et le logement, mais aussi avec vos interventions à travers les moyens de communication locaux. Faisons réalité notre devise selon laquelle « Gobierne quien gobierne las rondas no se venden, no se rinden ni se pierden! » (Gouverne qui gouverne les rondes ne se vendent pas, ni ne se rendent ni ne se perdent).

CINQUIEMEMENT. Les rondes paysannes ne sont plus seulement un patrimoine paysan, elles sont, aujourd’hui, patrimoine du peuple. C’est pourquoi nous demandons aux enseignants, petits commerçants, écoles professionnelles, etc. qu’ils se joignent à notre lutte en défense de la vie, de la biodiversité, de l’eau douce, de l’environnement, de la santé et de la production agricole.[…]


Vive l’autonomie des rondes ! Vive la justice des rondes !

Oui à l’agriculture, non à l’exploitation minière qui tue et divise les rondes !

Santa Cruz 29 novembre 2007

Commission Organisatrice de la Première Journée de Lutte.